Environnement et développement durable

Un projet du Conseil général des Alpes-Maritimes engagé sans concertation [16.02.2009] 

Son annonce médiatique

 

L'annonce médiatique de la réalisation du sentier entre le refuge de Rabuons et le lac de Lagarot (Vallée de la Tinée, commune de Saint-Étienne-de-Tinée, Alpes-Maritimes) a été faite le 1er septembre 2008 par le quotidien local Nice-Matin [cf. ci-dessous] mais aussi par TF1 et FR3. Cette création de sentier a été annoncée comme la première étape de la réalisation d'un vaste projet d'itinéraire suivant la crête frontalière : 140 km de sentiers, plusieurs refuges à créer, et 19, 5 millions de budget annoncés [16.02.2009]

Article de Nice Matin paru le lundi 1 septembre 2008 – Texte et photo (ci-contre) [extraits]

 

Un itinéraire de randonnée en altitude de 140 km va voir le jour

Tracer à terme un sentier de haute montagne d'un seul tenant sur environ 140 kilomètres, tel est le tout dernier projet que le conseil général des Alpes-Maritimes vient de lancer avec « Les Balcons du Mercantour ».

L'objectif est de créer un itinéraire de prestige qui permettra, au départ de Saint-Dalmas-le-Selvage, de cheminer pendant douze jours au plus près de la crête franco-italienne entre la Tinée, la Vésubie, la Roya et la Bévéra.

Les premiers coups de pioche, ou plutôt des mini-pelleteuses héliportées en pièces détachées sur la crête, ont démarré il y a quinze jours. Il s'agit de réaliser 8 kilomètres de sentier entre les lacs de Rabuons et de Lagarot. Aménagement qui devrait être terminé courant novembre.

Une première tranche de 60 km

Ces travaux font partie de la première tranche du projet, sur environ 60 km, qui inclut la réhabilitation de deux refuges (Vens et Rabuons) et la création de quatre nouveaux : Camps des Fourches, Lagarot, Lausfer et Terre Rouge. Le coût total du chantier est de l'ordre de 19,5 millions d'euros. La seconde tranche prévoit la création du tronçon permettant de relier la Vésubie et la Roya ainsi que la construction de deux nouveaux refuges.

Le qualifiant de "produit d'appel accessible à tout un chacun, qui manquait au département", Christian Estrosi (Président du Conseil général) en a dévoilé le projet hier (30.09.2008) à Saint-Étienne-de-Tinée en présence des élus locaux.

En couverture de Nice Matin du 01.09.2008 [Cliché ci-dessus]

 ...déclenche une réaction immédiate de tous les milieux et conduit le CG 06 à instaurer une concertation

...débouchant sur la remise en cause du projet

L'émotion soulevée

Née sur les forums internet d'amateurs de haute-montagne, attisée par la forte médiatisation le 1^er septembre 2008 de l'opération par ses promoteurs du Conseil général des Alpes-Maritimes (CG 06) [cf. ci-dessus], la contestation des travaux, conduits sans concertation avec d'énormes moyens (3 pelles mécaniques et brise roche) et le recours à l'explosif, sur un site sensible ZNIEFF (zone nationale d'intérêt écologique, floristique et faunistique), s'est exprimée dès le 20 septembre par un rassemblement spontané d'une centaine de personnes sur le site du Rabuons [cf. Cliché ci-contre] où, en dehors de toute autre considération sur le fond, botanistes et géologues présents ont constaté, tant la destruction d'espèces florales protégées que des détériorations et déstabilisations des terrains affectés par les travaux.

La concertation

La pétition lancée par le "Collectif Mercantour" constitué pour la circonstance et un rassemblement improvisé le 26 septembre devant la préfecture des Alpes-Maritimes ont conduit le CG 06 à mettre immédiatement en place une commission de concertation dont la première réunion s’est tenue le 10 octobre et la seconde le 14 novembre 2008, à l'issue de laquelle ont été constitués 5 groupes de travail devant examiner respectivement les facettes "Projet de territoire", "Clientèles", "Produit touristique", "Aménagement des sentiers", "Itinéraires et variantes", coiffés par un sixième groupe "Centre ressource biodiversité".

L'abandon du projet "Balcons du Mercantour"

Les travaux de ces différents groupes ayant concouru chacun à une profonde remise en cause du projet, la troisième de ces réunions de concertation, qui s'est tenue le 23 janvier 2009, en a tiré les conclusions par l'abandon du projet initié par le CG06 et son remplacement par un nouveau projet devant émaner des travaux de la dite commission de concertation.

Contributions du GIR Maralpin au débat

[20.09.2008 - 01.02.2009]

Fondé en 1996, le GIR Maralpin a pour vocation de contribuer à l'analyse approfondie de la problématique de l'aménagement du territoire dans le secteur des Alpes de la Méditerranée ; il a œuvré à ce titre en association étroite avec ses interlocuteurs dauphinois, ligures, piémontais et provençaux depuis sa création au paroxysme du projet de percée autoroutière du Mercantour, à l'encontre duquel il a élaboré, notamment avec les clubs alpins français (CAF) et italien (CAI), des propositions s'inspirant des préconisations de la Convention alpine.

Le GIR Maralpin a été agréé pour l'environnement au niveau régional Paca en septembre 2004 et s'est vu attribuer en novembre 2007 la mention spéciale du prix de la Communication par les Autorités génoises.

À tous ces titres, le GIR Maralpin s'est estimé directement concerné par le projet "Balcons du Mercantour" ; il s'est d'emblée associé aux démarches entreprises en son encontre et s'est impliqué dans la concertation par les observations qui suivent, formulées respectivement dans le cadre des Groupes de travail "Projet de territoire" et "Biodiversité".

[16.01.2009]

Observations du GIR Maralpin

formulées dans le cadre de la première réunion du Groupe de Travail n° 1

"Projet de territoire"

Nice, le 7 janvier 2009

1. Le projet ne peut être conçu au déni de la Convention alpine

2. Le projet ne peut être examiné hors d'une démarche transfrontalière

3. Le GIR Maralpin remet en question les limites imposées à l'exercice

(a) D'autres itinéraires sont envisageables [notamment les itinéraires historiques et culturels de liaison des villages perchés et valléens, parcourables toute l'année]

(b) La conception de l'aménagement doit être spatiale

(c) Substituer aux dispositions favorables au transit celles favorisant le séjour

(d) L'aménagement du territoire montagnard ne peut être conçu sans un renforcement de la protection de son espace

 

[cf. MercantourBalconsGirMaralpinObservationsGroupeProjetTerritoire ]

[01.02.2009]

Contributions du GIR Maralpin

formulées dans le cadre de la première réunion du Centre Ressource

"Biodiversité"

Nice, le 20 janvier 2009

La présente note réunit les contributions de notre administrateur Pierre Desriaux qui, à titre d'amateur éclairé, consacre ses loisirs à l'entomologie [cf. (1)], celle de notre ami enseignant Jean-Louis Meytral, qui nous a rejoints pour nous faire part de sa riche connaissance du site et de sa faune [cf. (2)], et celle de Jean-Louis Polidori, qui nous avait accompagnés tout au long de la "bataille du tunnel du Mercantour", et qui est devenu l'incontournable expert botaniste de sa haute vallée de la Tinée [cf. (3)].

(1) Comment fonder une décision : La Convention alpine ; Espaces protégés ; Espèces nouvelles, des espaces à fort potentiel [P. Desriaux]

(2) Le nouveau sentier Rabuons – Lagarot : un aménagement néfaste pour la survie des perdrix bartavelles et des lagopèdes dans un site d'étude de référence [Jean-Louis MEYTRAL]

(3) Espèces végétales concernées par le tracé du sentier "Balcons du Mercantour", sur la commune de St Etienne-de-Tinée, entre le lac du Rabuons et le Lagarot (Douans) [Jean-Louis Polidori]

 

[cf. MercantourBalconsGirMaralpinContributionsBiodiversite20.01.09 ]

Saxifraga florulenta (Moretti)

[saxifrage à nombreuses fleurs]

[Cliché Wikipedia]